Biathlon | Emilien Claude : « J’ai été un peu plus joueur que d’habitude et ça a payé »

Rédigé le 24/09/2020
Florian Burgaud

BIATHLON – Le week-end dernier, Emilien Claude, le dernier frangin de la nouvelle fratrie du biathlon français, a été sacré champion de France U22 du sprint court lors de la première partie de Samse Biathlon Summer Tour disputé sur les pistes de La Féclaz. Pour Nordic Magazine, le Vosgien revient sur cette course mais aussi sur ce qui a moins fonctionné en Savoie.

Après Tom Bourgin-Millet et Julia Simon, la rédaction de Nordic Magazine poursuit ses interviews de biathlètes à la suite du Samse Biathlon Summer Tour de La Féclaz (Savoie) avec Emilien Claude, titré chez les U22 lors du sprint court saturnal. Le frère de Fabien, absent parce que positif au coronavirus, et de Florent, ses deux frangins avec qui il a passé une grande partie de l’été, a répondu à nos questions ce mercredi alors qu’il était en repos. Calme, posé mais enthousiaste, il a balayé son actualité du moment. Entretien.

  • Vous deviez être heureux de remettre un dossard le week-end dernier sur les pistes du stade Alexis-Bœuf de La Féclaz, en Savoie, pour la première étape du Samse Biathlon Summer Tour…

Ça a vraiment fait du bien parce qu’on fait beaucoup d’heures d’entraînement l’été et les courses commençaient à manquer. Avec tout ce qu’on a pu entendre pour l’hiver tout ce qui se met en place pour l’hiver, on se dit qu’on ne va peut-être pas beaucoup courir… Finalement, avec le protocole de la FFS, on est content que ça nous permette de faire des courses, c’est cool.

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Emilien Claude (FRA) – Manzoni/NordicFocus

  • Tout ce protocole, justement, n’était pas trop pesant lors du week-end ?

Ce n’était pas trop contraignant. On avait juste à respecter les distances et à mettre les masques quand on n’était pas en train de tourner sur la piste. Sinon, c’était des gestes simples : se désinfecter les mains, faire attention, etc. Pour nous, ça s’est bien passé et, si tout le monde y met du sien, on arrive à s’en sortir.

« Vaut mieux faire des erreurs comme celles-ci sur les courses de préparation pour que je puisse les corriger sur neige »

  • En ce qui concerne le manque de public, est-ce un élément qui vous a perturbé ?

D’habitude, sur les Summer Tour, il y a vraiment pas mal de monde, c’est vraiment sympa. Après, en tant que junior, ce sont quasiment les courses où il y a le plus de monde de la saison comme à Arçon il y avait l’année dernière entre 4 et 5 000 personnes par jour. On adore courir dans ces conditions mais ça ne nous gêne pas parce qu’on est quasiment tout le monde à huis clos l’hiver sur l’IBU Cup. Pour ceux qui font la coupe du monde, ça a dû leur faire bizarre mais ce sera pire lorsqu’ils courront cet hiver sans public… Pour nous qui n’avons pas encore connu les grosses foules, ça ne change rien.

  • Lors de la première course, le sprint court, vous terminez quatrième au scratch et premier U22, remportant le titre national de la catégorie : avec le recul, vous êtes satisfait de cette performance ou déçu de ne pas avoir accroché la troisième place pour 6 secondes ?

Je suis vraiment content. Après, je peux avoir des regrets sur mon tir au sprint où j’utilise deux pioches au couché et au debout. La course voulait qu’on prenne des risques et j’ai été un peu plus joueur que d’habitude d’autant qu’il n’y avait pas de vent. Je rate à chaque fois ma première pioche donc je perds vite sept, huit secondes. Ce sont des erreurs un peu bêtes que j’aurais pu éviter : si j’en met une des deux, je serais peut-être troisième au scratch. Mais ça n’aurait rien changé parce qu’avec quatre pioches je ne m’attendais pas du tout à terminer quatrième. Mon choix tactique a donc été payant et c’est super sympa de réaliser cela après une aussi longue coupure.

Emilien Claude (FRA) – Manzoni/NordicFocus

  • Le lendemain, sur la poursuite, vous tirez à 15/20 : vous y êtes allé dans la même optique que sur le sprint court en étant joueur ?

Non, j’étais beaucoup moins joueur puisque la faute coûtait directement un anneau de pénalité… J’ai des regrets sur cette poursuite parce que j’étais bien entré dans la course, en étant dans le match avec les A en me faisant plaisir sur les skis. Je me suis laissé déconcentrer sur mon premier couché où j’en sors deux. Je me suis retrouvé tout seul sur la piste et, finalement, j’arrive à bien recoller après un bon debout. Je me retrouve à la bagarre pour le titre U22 avec Martin Bourgois-République et pour le podium scratch avec Antonin Guigonnat et Simon Desthieux. Malheureusement, c’est là que j’ai fais des erreurs que je devrais éviter par la suite et j’en mets trois dehors. Après, vaut mieux le faire sur des courses de préparation pour que ça passe la prochaine fois en les corrigeant.

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« Je viens d’apprendre que j’ai eu le Covid fin août, d’où ma grosse fatigue à ce moment-là »

  • Vous avez montré un bon niveau sur les skis : c’est un signe que la préparation a été bonne ?

Elle a été dure aussi ! Et puis fin août j’ai eu un gros coup de mou pour terminer ce dur été et, enfaite, j’ai appris hier, après analyses sanguines, que j’ai eu le Covid fin août. Forcément, je n’avais pas de bonnes sensations. On avait fait un chrono avec le groupe à ce moment-là et je n’étais pas bien du tout. Arriver sur ce week-end et voir que le niveau est là malgré des résidus de fatigue, c’est encourageant pour la suite et, surtout en tir, ça nous montre les points à améliorer pour le début de l’hiver.

  • Vous parliez  l’instant de coronavirus : votre frère Fabien y a été testé positif juste avant les épreuves de La Féclaz. Comment a-t-il vécu cette mise à l’écart ? 

Il n’avait pas des bonnes sensations depuis quinze jours et se demandait pourquoi il était cuit comme ça. Ça a été presque plus un soulagement de savoir qu’il l’avait parce que, sinon, on se demande ce qui ne va pas dans l’entraînement, s’il n’en a pas trop fait. Finalement, ça amène de grosses réponses. Comme il n’était, entre guillemets, pas en état de courir à cause de la fatigue, ça ne l’a pas dérangé de rester au chaud. Il n’a pas eu de symptômes de la maladie mais il était en manque de sensations et très fatigué. C’est comme ça, on sait que c’est un hiver spécial qui arrive avec beaucoup de surprises. Il va falloir s’adapter.

Emilien Claude (FRA) – Manzoni/NordicFocus

  • Pour la suite, il y aura Arçon en octobre et pour l’hiver, les IBU Cup de décembre ont été annulées… En savez-vous davantage sur le début de saison sur neige ?

Comme vous le dites, c’est vraiment le flou parce qu’on entend un peu de tout. L’IBU commence à éclaircir avec les fédérations mais rien n’est fixé et tout bouge du jour au lendemain. Pour l’instant, on sait que l’IBU Cup aura lieu à partir de janvier, championnats d’Europe seniors et du monde juniors compris. Après, on va voir s’il y aura des sélections pour cette dernière place en coupe du monde suite à l’arrêt de Martin Fourcade. C’est un peu une saison « le cul entre deux chaises » comme on dit entre l’IBU Cup et la coupe du monde. En plus de ça, il y a l’incertitude liée au Covid. Il faudra être prêt à performer partout, que ce soit en coupe de France, en IBU Cup, en coupe du monde, en sélection, n’importe où enfaite. On se prépare pour cela !

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Photos : Thomas Bruas et Nordic Focus.

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