COMBINÉ NORDIQUE – Gaël Blondeau a réalisé un hiver incroyable ponctué par deux médailles aux Mondiaux juniors. Pour Nordic Magazine, il revient sur cette saison qu’il qualifie d’« inespérée. »
Après une saison très compliquée à cause de problèmes aux genoux, le combiné de la Chapelle-des-Bois (Doubs) Gaël Blondeau a réalisé un exercice 2019/2020 de très haut-vol. Dans cet entretien téléphonique accordé à Nordic Magazine, il se confie longuement sur plusieurs sujets : le syndrome qui le fait souffrir des genoux, ses médailles mondiales ou son avenir.
- Vous avez réalisé un très bon hiver sur la coupe continentale avec des bons tops 15 et une huitième place à Eisenerz (Autriche) : quelle est la raison de votre progression ?
La saison dernière était quasiment blanche pour moi à cause d’une blessure aux genoux. Cet été, j’ai pu bien travailler mais mes résultats de cette année sont inespérés. Mes objectifs étaient biens en-dessous de ce que j’ai réalisé. C’est super de voir que le travail paie.
- De quels soucis aux genoux souffrez-vous ?
Je souffre d’un syndrome fémoro-patellaire. C’est un problème que j’ai depuis deux, trois ans et qui me gêne presque tout le temps. Je dois vivre avec en faisant des exercices empêchant la douleur. Ce n’est pas facile à résoudre. L’hiver dernier ça m’a fait très mal et je ne pouvais quasiment rien faire.
- Votre saison a été marquée par les Mondiaux juniors d’Oberwiesenthal (Allemagne) où vous remportez deux médailles : c’était un moment incroyable ?
Oui ! J’y allais pour revenir avec une médaille collective parce qu’on y croyait, c’était possible. En individuel, ce n’était pas l’objectif et, ouais, c’est vraiment cool.
« C’est le journaliste qui m’a annoncé ma médaille ! »
- Lors de l’individuel vous remontez beaucoup de places pendant la poursuite de ski de fond pour décrochez le bronze à la photo finish : racontez-nous cette course…
Je savais, vu le parcours, que ça allait être une course difficile. Mattéo [Baud, ndlr.], mon coéquipier, m’est revenue dessus et on s’est relayés les deux premiers tours. J’ai fais une course calme au début pour me mettre dedans. Au troisième tour, j’ai commencé à bien accélérer. Les coachs me disaient que le top 6 n’était pas loin. Je me suis retrouvé dans le groupe pour le podium en bas de la dernière montée. À partir de ce moment, je me suis dis que c’était possible…
Johannes Lamparter (AUT), Jens Luraas Oftebro (NOR), Gaël Blondeau (FRA) – Studio2media | Marko Unger
- L’attente à été longue pour savoir si vous étiez troisième ou quatrième…
Quand je lance mon sprint, je ne savais même pas si c’était possible [d’accrocher la médaille, ndlr.]. Quand je jette le pied, je vois bien que c’est limite mais je ne pensais pas être devant. Aucun résultat n’a été annoncé, personne ne savait… C’est le journaliste qui est venu pour me poser les questions qui me l’a annoncé !
- Vous donnez, quelques jours plus tard, la médaille d’argent à l’équipe de France en battant la Norvège et l’Allemagne dans le final de la poursuite de ski de fond : c’était une fierté d’offrir ce podium à tout le collectif ?
Je voulais le faire pour les copains. Tout le monde m’attendais sur le sprint après mon finish de l’individuel ! Ça fait toujours plus plaisir de le faire en équipe.
« Il ne faut pas se précipiter… »
- En arrivant sur le site des compétitions, imaginiez-vous ce bilan ?
Sur la piste je me suis tout de suite bien senti mais sur le tremplin ce n’était pas le cas… Mes sauts d’entraînement n’étaient pas réussi, j’avais du mal à me mettre dans le rythme du tremplin. Avec le stress de la compétition, que j’aime plutôt bien, ça m’a boosté et j’ai sorti mon meilleur saut. Après le saut individuel, il y avait vraiment du monde à aller chercher en ski. Franchement, c’était quasiment impossible… mais, au final, ça l’a fait !
Gaël Blondeau (FRA), Maël Tyrode (FRA), Edgar Vallet (FRA), Mattéo Baud (FRA) – Instagram Maël Tyrode
- Laurent Muhlethaler, qui nous a accordé un entretien il y a quelques jours, vous conseillait de ne pas tout de suite aller en coupe du monde. Il pense, vu son expérience personnelle, qu’il est préférable de s’aguerrir encore en coupe continentale : êtes-vous d’accord ?
Écouter Laurent, sachant qu’il a fait deux médailles aux Mondiaux juniors comme moi, c’est logique et normal. En plus, c’est un peu notre idole, on veut faire comme lui. Après, ça me donne bien sûr envie d’aller découvrir la coupe du monde mais il ne faut pas se précipiter, il y a encore beaucoup de boulot avant de pouvoir y aller pour jouer.
Photos : Instagram, Nordic Magazine et Studio2media | Marko Unger.